Tout d'abord, permettez-moi de m'excuser deux fois auprès de vous.
N'étant pas intellectuel et de plus ouvrier précaire actuellement au chômage,
je n'ai ni le temps ni la compétence de vous présenter une conférence
bien ficelée et présentée avec un style oral plus vivant que le malheureux
discours que j'ai dû préparé à l'avance. Mes excuses donc pour le ton
monocorde du discours, j'espère être court afin de vous laisser le temps
d'intervenir. De plus je dois signaler que bien que membre de SURVIE Rhône,
je ne suis pas mandaté pour parler en leur nom. Je vous invite à regarder
la courte cassette qu'ils ont éditée, où les dirigeants de cette association
font le point de leurs objectifs, entrecoupés par des interview et la musique
de TIKEN JAH FAKOLY, dans le chapiteau d'à côté. SURVIE a édité des milliers
de pages concernant la FRANCAFRIQUE, en gros c'est un réseau mis en place
par DEGAULLE au moment des indépendances
pour continuer à piller impunément et sans vergognes les ressources des
pays du sud, malgré leur toute nouvelle indépendance. Mellant des politiciens
de tous bords, des notables du sud, des gens des services secrets, des militaires,
des multinationales, une loge maçonnique, des journalistes et même des ONG.
Ces réseaux travaillent dans l'ombre à des assassinats politiques, l'installation
et la consolidation de régimes dictatoriaux, trafiquer des élections, équiper
des gardes présidentielles et des milices, corrompre les administrations
locales... chacun y trouvant son intérêt. Au CONGO-BRAZZAVILLE, il y a moins
de 10 ans de cela, une guerre civile, fomentée et équipée par TOTAL-FINA-ELF
a fait des centaines de milliers de morts, mutisme complet des médias français,
les mêmes qui se taisaient durant les trois mois qu'a duré le génocide, «
sans importance » avait dit MITTERRAND, et qui n'ont repris la parole que
pour vanter l'intervention humanitaire de l'armée française (qui avait équipée
et financé jusqu'au bout les génocidaires) dans le quart sud-ouest du pays,
et dans les camps de réfugiés encadrés par ces mêmes criminels, à GOMA en
particulier. Demandez par E.MAIL à L'A.S.P.A.O. la conférence de FXV sur
les complicités françaises du génocide du Rwanda, en particulier le rôle
de la presse. Pour finir sur la presse, je vous informe que les deux tiers
des médias français sont dans les mains des marchands de canons, et vous
signale le livre de JP GOUTEUX : »le Monde, un contre-pouvoir » sur le traitement
du génocide RWANDAIS par le Monde. Bien plus scandaleux et instructif que
le pavé actuel auquel on fait beaucoup de pub. Où il est dit que MR COLOMBANI
est un « honorable correspondant de la DGSE », ce même COLOMBANI a intenté
un procès en diffamation, qu'il a perdu en première instance et en appel.
On rappelait dans le débat d'hier qu'à l'heure où les politiciens ne
font plus que marketing et démagogie, les ONG doivent prendre le relais
du politique. C'est le créneau qu'a choisi SURVIE, lutter contre la FRANCAFRIQUE,
assainir lesrelations FRANCE AFRICAINE
rendre transparentes les politiques de coopération, lutter avec les sociétés
civiles, pour la démocratie dans les pays du sud. Et elle n'est pas la seule,
PORTO ALLEGRE, les différents forums sociaux continentaux, l'autre sommet
pour l'AFRIQUE, le mouvement anti-G8, Attac, sont des manifestations de
la prise en charge du politique par les sociétés civiles. Conscientes qu'elles
sont que le développement du nord est lié de façon congénitale au sous développement
du sud. Nous savons aujourd'hui que nous ne changerons rien au sud, sans
changer d'abord le nord. Remettre en cause la recherche de toujours plus
de croissance, les systèmes de cotations des prix des matières premières
(aujourd'hui, à OUAGA, le riz thaïlandais est moins cher que le local !),
les politiques protectionnistes au nord quand on impose un libre-échange au
sud, plus généralement le fonctionnement des instances internationales (FMI-BM)
et la philosophie Néo libérale qui les anime. Déclarer la dette du Tiers
monde nulle et non avenue. (à ce propos, demandez-nous aussi par E.MAIL,
l'intervention de Damien Millet du CADTM, lors des récentes Rencontres pour
une Autre Mondialisation de Lyon, qui fait le point sur la situation de la
dette). J'ajoute à titre personnel réclamer des réparations aux pays colonisateurs.
Je vous invite à nous rejoindre dans la lutte en venant nombreux participer
aux 6heures contre le G8, à la bourse du travail le mardi 15 AVRIL, et bien
sûr le 1er juin à EVIAN où nous avons l'intention de foutre le
feu au lac.
Sur le plan juridique, nos amis spécialistes du droit ont quelque avance
sur nous, la création de la CPI est une grande victoire qu'il va falloir
concrétiser. Là aussi nous devons nous mobiliser, les USA qui ont refusé
d'y participer, cherchent à miner le processus en signant des accords d'impunité
pour leurs ressortissants, d'état à état (24 ont signé à ce jour), la France
elle, veut une clause d'exception pour elle-même en ce qui concerne les crimes
de guerre. C'est pas gagné, allez voir sur le site de la CFCPI pour vous
tenir informés.
Nous sommes nombreux à réclamer une mondialisation des droits, une reconnaissance
des droits économiques et sociaux de tous les peuples du monde, le droit
à l'éducation, la santé... Vous remarquerez, après la santé, on met toujours
trois petits points. Dans ces petits points, il y a la justice. C'est là
que L'A.S.P.A.O. est venue se glisser pour combler un vide effarant. Si on
a décidé de tout faire pour mettre les coupables des plus grands crimes en
prison, on n'a toujours pas décidé de tout faire pour faire sortir de prison
les innocents qui s'y trouvent par milliers. Manque de moyens d'investigations,
corruption des fonctionnaires, absence d'avocat systématique pour les accusés,
retard dans le traitement des dossiers. Vu les conditions de détention et
le temps que l'on met pour traiter les affaires, quand vous serez jugés,
vous avez toutes les chances d'être déjà mort. Les politiques d'ajustement
structurels dictées par le FMI et la Banque Mondiale, ainsi que le service
de la dette, réduisent les budgets des pays du sud à peau de chagrin ; c'est
la déliquescence de l'état, accélérée par la corruption que j'appelle le
coucou des institutions. Rares sont les dirigeants qui décident en conséquence
de faire des économies sur leurs propres traitements (les « hommes intègres
» sont éliminés, suivez mon regard), et puisque les opinions publiques tant
du nord que du sud s'en foutent allègrement, autant faire des économies sur
la justice et l'administration pénitentiaire. Nous dénonçons cette situation
et avons entrepris d'informer les opinions publiques. Au nord sur l'hécatombe
que cela représente et l'injustice de cette situation ou seuls les voleurs
de poules sont punis, où des innocents paient pour d'autres, ou les vrais
criminels emprisonnés s'engraissent conjointement aux gardiens, sur cette
masse de zombies, misérables, crevards. Aucune prison d'Afrique ne possède
une réelle infirmerie. Au sud, sur les droits des détenus, qui ont le droit
de vivre, sur l'importance du nombre d'innocents parmi eux, sur le rôle «
d'école du crime » que joue la prison, loin des objectifs d'amendement et
de réinsertion qu'on voudrait lui faire jouer. Nous ne sommes qu'un trentaines
de membres, et croyez-moi ce chantier est une friche immense, rejoignez-nous,
soutenez-nous. Venez vous informer sur notre stand, ou notre site : http
:// aspao.free.fr , aidez-nous,
nous n'avons aucune subvention et en sommes fiers, mais nous ne ferons rien
sans vous.
Au forum pour une autre AFRIQUE, organisé à Paris par SURVIE et AGIR
ICI, au moment du sommet FRANCE AFRIQUE des 41 chefs d'états auprès de CHIRAC,
où on a parlé du ZIMBABWE pour mieux éviter de parler du Togo (où EYADEMMA,
dictateur criminel et tortionnaire règne en Maître depuis presque 40 ans,
et vient de réformer la constitution pour se présenter à nouveau). A ce
contre sommet donc, tous les acteurs de la société civile africaine présents
nous ont dit que rien n'était plus prioritaire pour eux que l'instauration
de véritables régimes démocratiques. Or un autre régime né lui aussi d'un
crime originel, celui de SANKARA, instrumentalise les ONG. Certaines ONG deviennent
des agences de voyages pour troisième âge bien-pensant, ou des boites dirigées
par de nouveaux colons, pas plus en lien avec le peuple que ceux d'autrefois,
à peine moins racistes. Ces ONG finissent par donner une image de ce pays
déformée. Puisque le blanc est si bien accueilli, il ne doit pas y avoir
trop de problèmes pour la population ! Un pays ouvert sur l'extérieur peut
être dirigé par un homme fermé à l'humanisme. Où en est l'enquête sur l'assassinat
de N. ZONGO, sur celui du père CELESTINO (mort pour avoir voulu réformer
la prison de OUAGA) ? C'est pour cette raison, qu'après avoir dénoncé EYADEMMA,
nous n'aurons au Faso, d'autres but que d'imposer une élection, prévue pour
la fin de cette année si je ne me trompe, une élection transparente (c'est
a dire dont la validité ne soit pas jugée par ceux-là même qui faisaient
voter les morts à la mairie de Paris, mais si ça c'est vu !). Nous dirigerons
par contre nos actions concrètes de soutien matériel aux prisonniers vers
le Mali, invités en cela par le rapporteur de la commission africaine des
droits de l'homme et des peuples, soutenant un gouvernement démocratiquement
élu qui s'est attaqué sincèrement à la question des conditions de détention.
C'est ce que nous appelons la prime à la démocratie. Notre prochaine mission,
prévue pour la fin de l'année aura pour cible, le nord du Mali.
Concernant la Côte d'ivoire, où la situation des détenus étaient pire
que celle des deux pays précités, et ce même avant la guerre, alors que
le budget était incomparable. Nous sommes impatients de pouvoir agir là-bas.
Ce qui nous a été impossible de faire jusqu'à présent. Censurés au Faso,
pour un discours trop politiquement incorrect, nous étions interdits de
séjours en RCI parce que venant du Faso ! Depuis BEDIE, le ton monte contre
les étrangers, les vrais (ceux arrivés hier), et les faux (nés sur ce sol
depuis plusieurs générations) confondus. Or dans tous les pays du monde,
les étrangers finissent plus facilement en prison, par une logique économique
et culturelle bien compréhensible. Si on souhaite le départ de travailleurs
honnêtes parce qu'ils sont dits étrangers, que penser des étrangers voleurs
que l'on nourrit gratuitement en prison ? Les prisons ont été volontairement,
idéologiquement, politiquement, abandonnées. Les fonctionnaires non payés
n'avaient qu'à se payer sur la bête, le détenu et sa famille (c'est le
cannibalisme post moderne). A SASSANDRA, on ne mettait de la viande dans
le GBINZIN (rata pénitentiaire) que quand les gendarmes abattaient une fois
l'an les animaux en divagation (chiens ou cochons). A ABIDJAN, avant que
MSF n'intervienne il y a quelques années, l'eau à boire était payante ! On
ne compte plus les épidémies de choléra, à travers le pays.
La côte d'ivoire actuellement est sur le fil du rasoir. Il est évident
que GBAGBO a fait un bien mauvais calcul en reprenant à son compte l'ivoirité,
et une constitution qui éliminait d'office un parti qui, qu'on le veuille
ou non, a un poids très fort dans le pays. Il est sûr aussi qu'il est débordé
par des « faucons » qui ont des intentions génocidaires. Néanmoins les rebelles
du nord se trouvent sans doute financés au moins en partie par les réseaux
françafricains, qui voyaient leurs intérêts menacés par un gouvernement
qui semblait remettre en cause leurs habitudes de gardiens de chasse gardée,
en voulant mettre certaines entreprises françaises en concurrence loyale
avec d'autres, sur certains grands travaux. Les nouvelles sont plutôt bonnes,
la guerre annoncée n'a pas eu lieu, et le MPCI et GBAGBO semblent pouvoir
trouver un terrain d'entente. Mais le temps presse, car l'ouest du pays,
qui était déjà il y a 10 ans un far ouest, tend à devenir un terrain de jeu
pour seigneurs de guerre, comme on l'a vu au LIBERIA et en Sierra LEONE.
Ce que SURVIE appelle le consortium de OUAGA (l'alliance FRANCAFRIQUE,
COMPAORE, KHADAFI, TAYLOR), a trouvé dans l'amertume et la peur des citoyens
du nord de la RCI, un terrain favorable pour s'implanter. C'est une association
secrète à but hautement lucratif, et qui se fout totalement du sort des
populations. Je dirais que le ver était dans le fruit au départ, que FHB
a voulu faire de la RCI la petite suisse africaine, refusant les idées panafricaines,
et faisant de son pays une terre d'accueil. Il a développé une politique
clientélisme, qui s'est muée en corruption généralisée. La crise venant (uniquement
due à la chute des cours du café et cacao et l'épuisement de la forêt),
la goupille a sauté. Il y a clairement un pays divisé en trois. Le nord
et le sud, chacun menacé de manipulation par ses extrêmes, mais donnant
encore aujourd'hui sa chance à la paix. Et un Ouest où la guerre pourrait
bien ne pas finir de si tôt, où des jeunes voyous, réfugiés depuis des années
sans possibilité d'insertion, illettrés, drogués au crack et sidéens, vont
profiter du terrain escarpé et forestier, de l'éloignement de la capitale,
de la sclérose de l'état, de la proximité de plusieurs frontières, de la
division des populations, de soutiens financiers toujours renouvelés vu les
richesses à exploiter, pour faire régner en terreur noire dans cette région,
cette région où j'avais souhaité m'installer. Et où un chef de la PJ locale
a décidé que puisque j'aimais assez les noirs pauvres pour vivre dans les ghettos, il n'y avait pas de raisons que je
ne les suive jusque en prison, quitte à fabriquer de fausses preuves, cette
leçon vaudrait bien un fromage (en l'occurrence mon bar restaurant).
Merci de votre attention.