Un chef d' Etat en Afrique abolit la peine capitale,
à New-York, en Europe, à l' O.N.U. et à Rome,
on se congratule, se félicite, "un pas capital
vers la démocratie, les droits de l'homme".
Dans ses prisons, les hommes crèvent la dalle
tuberculose, sida et palu, diarrhées, mycoses et puis la gale
faut travailler pour survivre, ventilateur ou serviteur
commerçant ou cuisinier, tisseur de bic ou garde du corps.
"Tape frère prêcheur, tape frère conteur, tape
sur ton seau,
c'est ton cœur qui bat dans tes mains, ton chant passe les barreaux"
Kabakourou-jazz est le nom que s'est donné
ce groupe de musique libre, fière, improvisée.
Le chef et ses gros-bras, les caïds et les grands hommes,
les mineurs, les malades, les moisis et les fantômes,
même les femmes derrière le mur, les mâtons qui
s'ennuient,
tous à l'écoute, chantent, dansent et s'associent.
Le Kabakourou-jazz, ça ruine le blues, piétine le cafard,
c'est la vie, la jeunesse, ça nous soutient, nous rend l'espoir.
Et les musiciens se relayent, au chant, aux percus,....à la
scie.
"Pas de pitié pour les poutres, il faut qu'elles chantent aussi
!"
C'était un soir de Noël, ils étaient douze à
s'évader.
Le conteur, était-il magicien? Comme un air s'est envolé.
On a vu rentrer les dix autres, deux par deux enchaînés.
Le prêcheur, d'une balle dans la nuque s'était fait liquider.
Le Président s'est fait virer, chassé par les militaires,
ses milliards sous le bras, vers la douce France hospitalière.
On ne chantera plus à la prison de Sassandra,
on y entend la mer, mais jamais on ne la voit.